Les Messins, à l’image de Yeni Ngbakoto (à droite) et de Gaëtan Bussmann, ont longtemps buté sur le mur corse. Mais ils ont fini par marquer un but qui les rapproche encore un peu plus de la Ligue 1. Photo Anthony PICORÉ
La patience est l’une des vertus qu’Albert Cartier remet régulièrement sur le tapis depuis son retour aux commandes du FC Metz. Sur celui de Saint-Symphorien, hier, les Bastiais ont longtemps cru pouvoir rivaliser au jeu du poker menteur avec le leader messin. Mais ce dernier a fini par trouver la bonne combinaison. Grâce à Kevin Lejeune. En abandonnant sa panoplie de passeur pour celle de buteur, à la réception d’un centre mal renvoyé de Maxwel Cornet, le milieu de terrain a libéré la copieuse assistance grenat (1-0, 67e ).
Sylvain Marchal et ses partenaires se sont donc réveillés, en ce week-end de Pâques, avec une idée un peu plus précise de ce que peut être la résurrection. La Ligue 1 est là, à portée de crampons. Pourtant, pour ce qui est du dix-neuvième succès de la saison, ce ne fut pas si facile que ça. L’entraîneur du FC Metz avait prévenu qu’il ne s’attendait pas à une partie de plaisir face à la lanterne rouge. S’ils n’ont pas souffert outre mesure, ses joueurs ont, par contre, (trop) longtemps buté sur la muraille dressée par les hommes de Stéphane Rossi. Si Lejeune a fini par trouver l’ouverture, ses coéquipiers avaient, jusque-là, pratiqué le jeûne. Si le rituel est de rigueur ce week-end, il a bien failli coûter au moins deux points aux Lorrains. Mais à force de persévérance, une autre vertu maison, leur faim a justifié les moyens…
Car les occasions, au court d’une partie complètement dominée, les hommes du président Serin se les sont procurées. En pagaille même ! Le premier coup de semonce est venu de l’homme en forme de cette fin de saison : Yeni Ngbakoto a d’abord tenté sa chance de loin (7e ) avant de placer sa tête sur un corner de Lejeune (8e ). Dans les deux cas, Lombard était à la parade. Puis, ce fut au tour de Thibaut Vion d’entrer en scène. Ce dernier armait une frappe d’une trentaine de mètres qui passait de peu à côté (10e ). Quelques instants plus tard, l’ancien attaquant de Porto servait parfaitement Diafra Sakho au second poteau dont la tête filait sur le poteau droit du gardien bastiais (18e ). Ngbakoto, encore lui, voyait ensuite son coup franc capté par Lombard (24e ), alors que l’ultime essai messin de la première période, signé Sakho, s’avérait bien trop tendre (41e ).
Avec sérieux, toujours
Les Messins regagnaient ainsi les vestiaires avec leur lot de frustrations en bandoulière. Mais l’issue de ce premier acte aurait pu être bien plus dramatique. Coriace mais peu dangereux, le CAB, après un centre tendu de Moizini bien capté par Johann Carrasso (21e ), aurait dû profiter d’une grossière erreur de la charnière messine, pour ouvrir le score. Mais Moizini, après avoir éliminé Carrasso, voyait sa frappe repoussée par Ahmed Kashi, revenu du diable vauvert pour sauver sur sa ligne (37e ).
À la reprise, les troupes d’Albert Cartier étaient un brin moins précises, malgré une nouvelle tête de Sakho (47e ) et une frappe sans danger pour Lombard signée Kashi (57e ). Heureusement, Metz a cultivé une autre vertu : le sérieux. Ce qui lui a finalement permis de sortir un atout de sa manche en la personne de Kévin Lejeune (67e ). Maxwel Cornet aurait pu alourdir l’addition, mais, seul au second poteau, ce dernier manquait le cadre (73e ).
La fin de match était quelque peu stressante mais haletante, d’autant que Bastia n’a jamais relâché son effort. Pour preuve, ce but refusé à Ribas dans les ultimes secondes par M. Falcone pour une faute d’un Bastiais sur Bussmann (90e ). Metz compte bien trois points de plus. « Il en manque un » , a conclu Albert Cartier, quelques instants après le coup de sifflet final. La délivrance à Auxerre ?
Jean-Sébastien GALLOIS.
Kashi veillait au grain
Thibaut Vion a témoigné d’une belle activité mais n’a pas réussi à trouver l’ouverture. Photo Anthony PICORÉ
Auteur d’une partie pleine, l’infatigable Ahmed Kashi s’est aussi fendu d’un sauvetage énorme sur la ligne de but.
C arrasso. Il s’est souvent dégourdi les jambes en sortant de sa surface en première mi-temps mais il n’a pas eu beaucoup de travail hier. Le gardien a toutefois eu le mérite de dévier un tir de Moizini (21e ) et la chance de trouver Ahmed Kashi sur sa ligne quand il a été effacé par le même attaquant bastiais (37e ).
Inez. Salim Moizini (79e ) et Anthony Salis (90e ) ont goûté, hier, à la spécialité de Romain Inez : le tacle viril. En l’absence de Métanire, le remplaçant a fait le métier avec ses qualités. Soit une prestation défensive sérieuse et des montées prudentes sur le front offensif. Irréprochable.
Marchal. Le capitaine n’a rien vu de la passe de N’Diaye qui faillit amener un but à Moizini (37e ). Le seul bémol d’une soirée où la défense a fait le métier sans être fondamentalement inquiétée.
Milan. Comme Marchal, il a été surpris sur la remise de N’Diaye pour Moizini mais il a lui aussi tenu la baraque sans grandes difficultés.
Bussmann. Son appétence offensive s’est encore vérifiée hier tant Gaëtan Bussmann est venu prêter main forte aux attaquants depuis son couloir gauche. On l’a même vu tenter une pénétration d’artiste dans la surface mais l’affaire est restée sans suite (37e ). Il fallait bien qu’il s’occupe car le défenseur n’a pas été souvent sollicité derrière.
Lejeune. Il avait des jambes hier et cela s’est vu ! Après un coup franc sur Lombard (2e ), quelques déboulés furieux et plusieurs fautes provoquées, le passeur attitré du FC Metz s’est mué en buteur opportuniste, à la réception d’un centre de Cornet dévié par les Bastiais. Kevin Lejeune a alors poussé le ballon dans les filets et soulagé Saint-Symphorien (67e ).
Rocchi. Appliqué dans son travail défensif, le milieu de terrain a connu une influence plus limitée en attaque, malgré sa volonté permanente d’aller de l’avant. La défense à cinq, du CA Bastia, n’a pas laissé beaucoup d’ouverture non plus…
Ngbakoto. Un tir puissant de 30 mètres (17e ) et une tête déviés par Lombard (8e ) ont lancé sa partie sur de grandes bases. Contrairement à ses quatre dernières sorties, Yeni Ngbakoto n’a pourtant pas été décisif hier face à un adversaire, il est vrai, très recroquevillé. Remplacé par Bouna Sarr à la 87e.
Sakho. Petite soirée pour le buteur officiel du FC Metz. Il a trouvé le poteau (18e ), joué une bonne déviation pour Vion (37e ) et tenté une tête décroisée (47e ) notamment, mais le but s’est refusé à lui.
Vion. Fidèle à ses habitudes, il a témoigné d’une belle activité, tant dans ses courses que ses appels, mais il n’a pas réussi à trouver l’ouverture. A son crédit : deux centres parfaits pour Sakho (18e , 47e ). Remplacé par Cornet (63e) qui a raté le break (73e ) mais amené le but de Lejeune, sur un centre détourné par la défense corse (67e ).
Christian JOUGLEUX.
L’HOMME CLÉ
Ahmed Kashi. S’il n’y avait qu’une action à retenir, ce serait son fabuleux retour défensif pour dégager, sur la ligne de son gardien, un tir de Moizini (37e ). La défense était larguée, Carrasso battu mais le milieu franco-algérien veillait au grain mosellan. Sinon ? L’activité monstre habituelle à la récupération, des courses et des efforts constants et quelques frappes sans suite.
Ahmed Kashi, pour les services rendus à la maison grenat, mériterait d’inscrire son premier but messin car c’est la seule carence à son bilan
« Un énorme bonheur »
Stéphane Rossi, entraîneur du CA Bastia : « Metz va jouer en Ligue 1 mais on n’était pas venu pour le regarder jouer […]. Il y a ce fait de jeu inexplicable : une tête d’un de mes joueurs qui va au fond et un but refusé. Il va falloir m’expliquer pourquoi l’arbitre n’a pas su l’accorder. Fondamentalement, ce but n’aurait rien changé mais il nous aurait fait du bien. »
Romain Inez, défenseur de Metz : « On savait que cette équipe n’avait plus rien à jouer et essayerai de prendre un maximum de plaisir ici. On aurait aimé se mettre à l’abri plus tôt mais le sort en a décidé autrement. Le mot d’ordre du coach, de toute façon, c’était la patience. On a eu les occasions mais on ne les a pas mises au fond. L’essentiel, c’est d’avoir gagné. »
Kévin Lejeune, milieu du FC Metz : « On savait que ce serait ce type de match. Si on avait marqué plus vite, on l’aurait rendu plus facile mais on a été sérieux, ça a fini par payer […]. Maintenant, on attend l’officialisation (de la montée) avec impatience. C’est vrai qu’on imagine mal autre chose que la Ligue 1. »
Albert Cartier, entraîneur de Metz : « J’avais demandé aux garçons de ne pas faire preuve d’impatience. Jusqu’au bout, ç’a été un match avec du suspense. On en est très heureux parce qu’on a produit un gros effort contre une équipe joueuse, qui ne laisse rien tomber. Ces trois points supplémentaires sont un énorme bonheur. »
