hotspurdu57 a écrit :
C'est ce qui s'appelle remettre l'église au milieu du village. Avec un indeniable talent.... Merci pour ce billet et pour votre plume..... Dans le coeur des plus vieux supporters, dont je suis, le souvenir ému de la campagne de 1998 estompe les années de disette, les séjours prolongés dans le bas du classement.... L'image d'un Pirés ou d'un Asanovic nous fait oublier les soirs de défaite et les changements d'entraineur.... Malgré tout, une constante à cette époque, nous étions et nous restions, vaille que vaille, coute que coute, en Première Division...... Et puis il y avait ce petit supplément d'âme, ce public de travailleurs, le stade un peu vétuste mais attachant, à se cailler debout coté Canal, un certain coté "local" ou l'effectif (Carmelo, Kastendeuch, Cartier, Michel Ettore "Le Grand" etc....) qui a peut etre disparu aujourd'hui.... ou peut etre est-ce mon imagination, ou des souvenirs inventés les jours de match pourris, en regardant Amazon Prime.... Qui sait ?
Merci.
En histoire une règle absolue tient dans cet adage: " comparaison n'est pas raison".
"Les joueurs gardent le contrôle du jeu à ses débuts, puis dans la première moitié du xxe siècle, les dirigeants prennent l'ascendant au niveau professionnel comme amateur. Commence alors la longue période de l'«esclavage» avec des joueurs liés à vie à leurs clubs et transférables selon le bon vouloir des dirigeants qui s'arrangent pour tirer les salaires vers le bas. Pour l'exemple, après 15 ans de carrière, l'international français Thadée Cisowski ne touchait que 400 francs français par mois en 1961, soit environ 30 % de plus que le salaire minimum en France à la même époque[...] Raymond Kopa utilise ce terme en 1963 pour dénoncer la médiocre condition des footballeurs professionnels : « Les footballeurs sont des esclaves. Le footballeur professionnel est le seul homme à pouvoir être vendu et acheté sans qu'on lui demande son avis », dans France Dimanche, et utilise le terme de « contrat esclavagiste » dans le magazine Le Miroir du football...
La situation change dans les années 1960 avec la constitution de syndicats modernes, comme l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) en France. Ces derniers militent pour une hausse des salaires, la mise en place du contrat à temps ne liant plus à vie le joueur et le club et une amélioration des conditions de retraite. Les clubs et autres organismes dirigeants ne prennent pas au sérieux ces revendications, puis doivent céder. Le contrat à temps est ainsi adopté en France en 1969. "
L'Affaire Carnus Bosquier
L’origine de l’événement? Le contrat à temps. Le championnat de football professionnel est refondu au sortir de la Seconde guerre mondiale. En signant son contrat, le joueur s’engage dans un club jusqu’à l’âge de trente-cinq ans, c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa carrière. On a donc appelé ce type d’engagement "contrat à vie". En effet, le joueur ne peut pas quitter son club sans l’accord du président. Kopa prend la tête d’une fronde contre le contrat à vie en 1963, se comparant à un esclave. Ce contrat reste en vigueur jusqu’en 1969, date à laquelle il est remplacé par le contrat à temps, pour une durée probatoire: c’est un CDD. Au début de la saison 1972-1973, les présidents de club décideront unilatéralement de revenir à ce "contrat à vie", provoquant une grève des footballeurs en décembre 1972.
Saint-Étienne essuie les plâtres du nouveau dispositif: en 1971, les premiers contrats à temps arrivent à expiration et Rocher n’a pas son mot à dire: les présidents proposent, les joueurs choisissent.
L'Olympique de Marseille du président Leclerc fait, avant la fin de la saison des offres à Carnus et Bosquier de St Etienne.
Carnus en bénéficie et se justifie: "C’est une bonne chose et c’est normal. Dans les autres secteurs, un cadre peut choisir son entreprise selon le salaire proposé et ses propres affinités". Le public n’est peut-être pas du même avis, tout comme le président Rocher qui semble apprendre la nouvelle par la presse: "Je souhaite garder ces deux joueurs. J’enregistre simplement la manière qui n’est pas très élégante sur le plan sportif. Que va-t-on dire si Bosquier fait une faute et si Carnus encaisse un but stupide? Décidément, ce contrat à temps comporte beaucoup de défauts". Saint-Étienne bruisse de rumeurs, la polémique attend une déconvenue pour s’installer.
A l'issue d'une défaite à domicile contre Bordeaux: " Dans le contexte du transfert annoncé de Carnus et Bosquier, la défaite débouche sur la polémique. La pire que le club ait connue. Rocher ne fait rien pour l’apaiser: "Je n’accuse pas Carnus ni Bosquier, j’accuse le contrat à temps qui démobilise les joueurs avant terme".
Les jours suivants, la presse se focalise surtout sur le gardien de but, fébrile et médiocre ce soir-là. D’ailleurs, le public, qui l’adulait une semaine auparavant, l’a bombardé de projectiles. "Après ce match, j’ai dû me battre pour monter dans ma voiture. Certes, je n’avais pas été très bon mais toute la semaine, on m’avait répété 'Surtout ne prends pas un but bête… Attention au but idiot'. Et bien sûr, j’ai pris trois buts". Le championnat n’est pas terminé mais pourra-t-il rejouer à Geoffroy-Guichard? Rocher tranche dans le vif: Bosquier et Carnus sont écartés de l’équipe contre l’avis de Batteux et de leurs coéquipiers, solidaires des deux accusés. L’ASSE perd deux joueurs, le titre (Marseille l’emportera) et une équipe: Camérini, Durkovic, Broissard, Szamardzic, Keita, Revelli, Batteux s’en iront bientôt."
Je me permets ce petit point d'histoire pour montrer l'évolution, du contrat à vie au contrat à temps, puis les rachats de contrats et enfin l'arrêt Bosman...
Le bon vieux temps... Simplement pour dire qu'au fond la création d'un centre de formation ou d'un recrutement local, s'il flatte le sentiment régionaliste n'est en fait qu'une solution de pauvre. Cela flatte la légende, comme celle d'un club ouvrier que le club n'a jamais été même s'il fut soutenu par une partie de public issu de la sidérurgie ou du charbon. C'est paradoxalement Bernard Serin qui en a fait un club financé par la sidérurgie de façon symbolique et indirecte.
Mais pour finir sur une note légendaire, un de ces souvenirs qui marquent une vie...
Saison 1979-1980, Le Fc Metz se bat pour ne pas descendre en deuxième division. Dernière journée de championnat, nous recevons le Paris St Germain football Club. Le match est capital pour le maintien. Quelques semaines auparavant nous avons appris le transfert de Patrick Battiston à l'ASSE. C'est son dernier match. Je suis arrivé deux heures avant le match, comme de coutume, avec mon père. Tribune autoroute. Il y a là tous les gars de la sidérurgie, des membres de l'équipe de mon père, de l'UCPMI d'Hagondange, de la SAFE, du four Thomas, du four Martin... La plupart on vu joué Keko Battiston, l'oncle de Patrick... La tension est papable, on en mène pas large. Il y a ce type dont j'ai oublié le nom, qui a la tête de Django Reinhardt, qu'on appelle "l'ordinateur" qui connait le score de tous les matches depuis vingt ans, première et deuxième division comprise... Il a avec lui ses fameux carnets couverts de pages de résultats... Il lance à la volée
- L'année prochaine on verra Montluçon...
On répond pas, on a le cœur lourd, le petit Battiston s'en va, on va peut être jouer en seconde division...
Ler match commence dans une ambiance électrique et à la 17e minute Hinschberger ouvre la marque dans un stade en fusion... A la 30e Luis Fernandez égalise. Un nul qui ne suffit pas...
A la 80e minute Synaeghel donne l'avantage au FC Metz, le stade exulte!! Mais on craint l'égalisation.. Trois minutes plus tard l'incroyable se produit, c'est Battiston en personne qui délivre le stade. Metz mène 3- 1. Puis 4-1 grâce à... Luis Fernandez contre son camp! Le temps de sauter de joie et le PSG revient à 4-2... Dans les arrêts de jeu Metz obtient un penalty... Que transforme Patrick Battiston lui même pour un doublé inédit et formidable.
Et "l'ordinateur" de se faire chambrer par tout le monde, on le secoue, on lui prend les joues, on lui balance des tapes de déménageur dans le dos en lui hurlant "on verra pas Montluçon!!!"
Au coup de sifflet final, Battiston entreprend un tour d'honneur inoubliable, sous les bravos et les vivats...
Et dans cette tribune vénérable de l'autoroute, je n'oublierai jamais les larmes de ces vieux sidérurgistes, dignes comme des ouvriers, fiers comme des lorrains saluant l'enfant du pays, avec la fierté des pères qui voient la réussite d'un fils. Mon père, je ne l'ai pas vu pleurer souvent.
Bien des années après, à l'hôpital où il mourrait d'une leucémie, notre dernière discussion avant qu'il ne sombre dans le dernier coma, ce fut du FC Metz que nous parlâmes...
sources:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Transfert_(football)
https://www.cahiersdufootball.net/artic ... clata-3385
https://www.fcmetz.com/1979-1980/ligue- ... s-paris-sg