Veillée d'armes (Billet d'humeur)

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ambroisepare
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Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar ambroisepare » 30 mai 2023, 18:05

Veillée d'armes


Nous sommes à quelques jours d'un match de légende.
Au scepticisme du début de saison a succédé le coup de massue Guingampais et cette huitième place qui sonnait le glas de tous les espoirs. On était loin, on était mort. Aller au stade relevait autant de l'habitude mortifère que de la fidélité contrainte. Les seuls rêves qu'on y bâtissait étaient ceux de l'avenir.
Et puis tout doucement, sans trop y faire attention le Graoully s'est fait souris. Et le grignotage a commencé. D'abord on a cru a un feu de paille, et finalement ce sont les landes bordelaises qui s' y sont consumées...
Il a fallu que Pajot se rappelle à nos souvenirs éternels pour que la légende se mette en marche et que tout à coup nous revienne le goût des triomphes... Si au stade Saint Symphorien l'espérance est assez vite revenue entrecoupée de désespoirs excessifs, où l'on pestait contre l'irrégularité d'un équipe invaincue succombant aux affres de matches nuls quand il fallait gagner... Sur le forum il en était tout autre...


Ouin-ouin et la gomme magique


Sur le forum c'est le règne incontesté des ouin-ouins. Ils ont la pleurnicherie féroce et la tête de turc facile. Leurs cibles ? Tout y passe, même le roi Georges, Maziz et Sabaly.
Le ouin-ouin a la gomme magique, en un commentaire acerbe il dézingue ce qu'il a adoré, émet des jugements péremptoires et définitifs érigés en vérités absolues. L’obsession du dénigrement en bandoulière, la lecture du forum devient un pensum désespérant où l'on se murmure avec effondrement qu'avoir de tels « supporters » nous exempte d'avoir des ennemis qui feraient pâle figure.
Le ouin-ouin a aussi la mémoire aussi courte que sa capacité d'analyse. En général il est nostalgique d'une époque qui n'a jamais existé, il vous sort des propos idolâtres sur le vieux Molinari en oubliant comment il fut jadis traîné dans la boue. Sans parler de la fascination pour une époque « pure » d'avant l’arrêt Bosmann, la défiance aux africains, et des joies malsaines à souligner le moindre échec. Fanatique d'un football théorique dans lequel, à l'instar de la religion, l'idéal de réussite approche la sainteté. Chaque centre aurait dû donner un but, chaque frappe aurait dû être cadrée et chaque matche emporté haut la main. Le recrutement y est toujours raté, la gestion financière catastrophique et la file d'attente au stand de restauration un scandale national.

J'entends déjà les pleurnicheurs rugir leur droit à la liberté d'expression et le droit constitutionnel à tous les forums de critiquer. Qu'ils se rassurent, mon modeste billet n'empêchera personne de triompher en cas d'échec vendredi. On aura droit aux « j'vous l'avais bien dit, j'avais tout prévu, je sais mieux que les bénis- oui-oui ».

Mon propos est, une fois cette saison, d'être la voix de ceux qui pensent peut être, honteux d'être optimistes, embarrassés d'amour pour ce club, de dire qu'on pardonnera à cette équipe, parce que le plaisir qu'ils nous ont donné a suffi à notre bonheur.
Parce qu'au stade on est loin des « live » haineux et austères de dépits, dont les frustrations cherchent avec délectation ces boucs émissaires que l'on sacrifie à l'autel de ceux qui savent, de ceux qui jugent, de ceux qui pérorent avec l'assurance des bourreaux.
Moi je m'adresse aux gamins qui n'ont pas connu un passé qu'ils imaginent éternellement idéal. Il n' a jamais existé. Les stades pleins, foutaise, l'ambiance de folie, raretés, la capacité a reconstruire le passé tel qu'il n'a jamais été équivaut à la puissance à dénigrer un joueur, une équipe ou un staff au moindre vacillement de résultat. En plus de cinquante ans de "supportariat" j'en ai vu passer des conneries et des légendaires même...

Une victoire et une accession vendredi et le ouin-ouin vous démontrera qu'il est le plus fidèle des supporters, un échec et il vous démontrera qu'il l'avait prévu. A tous les coups l'on gagne...

L’épate à la sauce Bölöni


Sa nomination en début de saison n'avait pas soulevé une hystérie transcendante. On s'interrogeait au mieux, on raillait son âge et son accent, on le disait fini, cuit, mort et déjà on pouffait à son accent roumain et son français lunaire. Il avait cependant la patience des vieux loups de terrains, et après avoir assaini l'effectif il a réussi à en bâtir la clef : l’équilibre.
L'affaire de Guingamp devait être notre catastrophe nucléaire, et les ravages consécutifs à la Gaillousterie ont été longs à réparer. Mais avec l'obstination des vieux sages et un effectif rapiécé à l'essentiel, auquel le miracle de blessures inexistantes a donné une allure de prodige, nous sommes arrivés à ce vendredi d'incertitude où le glorieux dispute à la passion les faveurs de la providence. Il faut admettre que le Lazlo a su trouver un onze stable, dénicher quelques talents prometteurs et, finalement, au soir du triomphe espéré tout le monde aura oublié le Skuka mystère. En cas d'échec les ouin-ouins s'en chargeront...

Oukininja a fait cette saison spectaculaire où il a alterné le pire et le meilleur. Traoré n'est plus un vieillard et plus personne ne se souvient que Candé est un latéral d'origine. Udol, mon idole, démontre à la science et à la chirurgie ligamentaire qu'impossible n'est pas messin, et son capitanat ne souffre aucune contestation. Kouaffi prouve, lui, qu'un arrière moderne n'a pas forcément besoin du gabarit du déménageur pour se faire respecter. Au milieu N'Doram revient de nulle part pour s'imposer en joueur box to box tel qu'on ne l'imaginait plus. Danley confirme que contrairement aux ouin-ouins de fin de saison dernière, il vaut mieux laisser la gestion de l'équipe aux professionnels. Comme ceux, génies absolu de la bêtise, qui réclamaient la sortie de Maziz et de Sabaly à Sochaux... Atta et Camara, les deux perles d'avenir nous démontrent que, à l'instar de ce FC Metz qui refuse de mourir, la ressource des talents ne fait pas défaut.

L'attaque c'est le fer de lance qui brille aux lumières médiatiques. Je ne dirai rien du Roi Georges, dès fois qu'à Chelsea on lirait la langue de Molière … Jallow est de ces lutins qui virevoltant, s'offrent des danses hypnotiques à endormir les méfiances et à nettoyer des lucarnes. Le petit Sabaly, énigme athlétique du football moderne, à l'infatigable travail défensif, offre l'interrogation suivante : quand ce gamin aura pris du sang roi il deviendra sans doute une arme létale. Un Giresse des temps modernes, vif et habile dribbleur. On lui doit un but qui, je l'espère vendredi soir, vaudra son lingot.

Quel plaisir je prends à détailler cette équipe dont la profondeur de banc confine au centimètre, quelle joie de me dire, chaque fois au stade, c'est un peu juste certes, mais c'est si juste aussi. Juste, précis, affûté et régulier.

Pour une fois je vais aller dans le sens des ouin-ouins, oui c'est un effectif trop juste, et c'est peut être le génie des bons entraîneurs de faire de ces baudets les chevaux de courses qui disputent les étoiles vendredi. Pour une fois je laisse exprimer ici tout l'enthousiasme que cet effectif a su générer. Et qu'importe le résultat de la dramatique de vendredi. Même si nous échouons ils auront été magnifiques.
Et le vrai supporter est là tout entier.
Il ne réclame pas la réussite des comptables, juste l'or de rêver. Et pour une fois, ne le cachons pas, toute la France footballistique est derrière nous, exigeant que nous réparions, nous les va-nu-pieds, l'injustice des magouilles d'un football pourri jusqu'à la racine par
l'inéquité. De Bastia à Sochaux, de Dijon à Rodez, il n'est pas un supporter qui sera derrière nous vendredi. Robin des bois de circonstance, nous voilà justicier de tous ceux qui regardent avec colère la gestion de ce football gangrené de juridisme. Et dont l'argent méprise la justice du terrain et le respect des règles devant s'appliquer à tous. Remember Luzenac.

Tu seras un supporter mon fils


Que Rudyard Kipling me pardonne le massacre de son poème sublime. Promis je ne recommencerai pas...

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta saison
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être ultra et être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des nancéiens pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant frénétik
Si tu peux rester gruppa en dessinant ton tifo
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur forumiste;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors, les championnats , les coupes, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les rangs et la Gloire,
Tu seras un supporter, mon fils!


Un dernier mot pour le Chardon.
Comme le chiendent il mettra sans doute un peu de temps à crever. La raison devrait me guider et me dire qu'il n'est pas souhaitable que disparaisse la concurrence et que la disparition de leur centre de formation est un drame pour la formation.
Cependant, je songe à ce match à Picot, j'avais 10 ans à peine, il y a cinquante deux ans. En me rendant à ma tribune, tout vêtu de grenat, en passant sur la piste d'athlétisme, une bouteille de bière m'a heurté le crane, jetée des travées par un supporters nancéien. Mon bonnet grenat de laine m'a protégé ce soir là de la blessure. Je n'ai jamais oublié et je n'oublierai jamais la colère de mon père défiant toute la tribune d'un poing rageur.
Alors papa, de là haut tu as le droit à sourire de leurs malheurs...
Dernière modification par ambroisepare le 30 mai 2023, 19:37, modifié 1 fois.

Le Duc
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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar Le Duc » 30 mai 2023, 18:32

:acclam:

Frayel
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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar Frayel » 30 mai 2023, 18:47

Belle prose comme souvent

NicolasGousseForever
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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar NicolasGousseForever » 30 mai 2023, 19:01

notre fameux defenseur Sarr...
c est pas Gueye? ou cissé?

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Vixxens
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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar Vixxens » 30 mai 2023, 19:19

NicolasGousseForever a écrit : notre fameux defenseur Sarr...
c est pas Gueye? ou cissé?
Cette capacité à mettre en exergue l'anicroche pour seul commentaire.
Il parlait de Traoré.
Merci pour le texte en tout cas :metzch:

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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar champ d'or » 30 mai 2023, 19:27

Tu y as passé du temps et l'effort est louable.
Par contre je ne comprends pas pourquoi tu consacres autant de lignes à ceux que tu méprises. Le plus important est bien que le FC Metz monte en Ligue 1, pas de désigner les bon ou mauvais supporters.

Avec le classement avant la trêve puis le mercato d'hiver, même les plus optimistes ne pouvaient croire à ce qui nous arrive aujourd'hui.

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ambroisepare
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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar ambroisepare » 30 mai 2023, 19:38

NicolasGousseForever a écrit : notre fameux defenseur Sarr...
c est pas Gueye? ou cissé?
:mrgreen: corrigé. T'es un fameux toi.

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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar ambroisepare » 30 mai 2023, 19:43

champ d'or a écrit : Tu y as passé du temps et l'effort est louable.
Par contre je ne comprends pas pourquoi tu consacres autant de lignes à ceux que tu méprises. Le plus important est bien que le FC Metz monte en Ligue 1, pas de désigner les bon ou mauvais supporters.

Avec le classement avant la trêve puis le mercato d'hiver, même les plus optimistes ne pouvaient croire à ce qui nous arrive aujourd'hui.
Au fond ta réponse justifie à elle seule l'écriture de ce billet. Je pourrais te répondre qu'à se taper des mois et des mois de jérémiades mon petit paragraphe ne pèse pas lourd. Mais c'est encore de trop.
Les bons ou les mauvais supporter c'est même pas la question. La question c'est l'espace d'expression. Les oui-ouins règnent sans partage sur ce forum depuis des décennies. La critique est érigée comme dogme absolu. Sauf qu'on a pas le droit, une petite fois dans l'année, d'exprimer une critique à l'égard de ceux qui critiquent, sans fondement, sans argumentaire simplement pour déverser un trop plein de frustration.

Finalement j'ai bien fait d'écrire ce que je pense. :mrgreen:

Ceux qui me connaissent savent que même quand la raison force à renoncer à l'espoir, si je dois être le dernier à y croire, je le suis.
Dernière modification par ambroisepare le 30 mai 2023, 19:47, modifié 1 fois.

Poilagratter
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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar Poilagratter » 30 mai 2023, 19:45

Belle prose, en effet.
Sache cependant que, si la critique est souvent qualifiée de facile, elle a toujours le mérite de provoquer le débat.
Ce qui est plus "critiqable" c'est la critique non argumentée, gratuite.
J'aurais cependant préféré, pour ta propre crédibilité, que tu eu écrit ce texte un peu plus tôt, et au plus tard vendredi dernier avant 20h45.

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ambroisepare
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Re: Veillée d'armes (Billet d'humeur)

Messagepar ambroisepare » 30 mai 2023, 19:52

Poilagratter a écrit : Belle prose, en effet.
Sache cependant que, si la critique est souvent qualifiée de facile, elle a toujours le mérite de provoquer le débat.
Ce qui est plus "critiquable" c'est la critique non argumentée, gratuite.
J'aurais cependant préféré, pour ta propre crédibilité, que tu eu écrit ce texte un peu plus tôt, et au plus tard vendredi dernier avant 20h45.
Je vois que tu n'es inscrit que depuis 2020. Je te pardonne donc ta méconnaissance, d'autant que je ne poste plus depuis longtemps, vaincu par le pessimisme ambiant je préfère vivre ma passion du FC Metz au stade.
Je poste depuis 2002, j'ai réalisé des bandes-annonces vidéos, écrit des dizaines de billets d'humeur à la gloire de mon amour pour le club. De crédibilité, j'ai pas besoin. Moi. :mrgreen:


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