Messagepar MrNino » 27 nov. 2020, 10:18
23 mai 1988 au matin, Dugny sur Meuse.
Jean :
- "Sylvain, tu fais quoi aujourd'hui?
- Rien de spécial, pourquoi?
- Alors je t'emmène quelque part. Tu ne seras pas déçu..."
M'affairant à astiquer les verres passés au lave-vaisselle du rade que tenait ma mère à l'époque, je lâcha le torchon qui m'accompagnait et me dirigea vers elle, soucieux de la journée qui l'attendait :
- Ca ne t'ennuie pas, maman, que je parte?
- Ne t'inquiète pas, ça va aller..."
Une heure quinze de route dans le break 21 Nevada, et nous voilà garés près d'un lieu qui me glacent le sang irrémédiablement, mes deux premiers maillots que j'eus porté étant grenat (à jamais) et l'autre celui de l'albiceleste. Une foule immense, et une joie indéfinissable qui m'envahit cependant. Je savais pourquoi j'étais là, et c'était, pour mon âge (14 ans), une surprise au-delà de ce que j'aurais pu imaginer.
Pas de place pour rentrer? Le marché noir a su pallier sans difficulté ce souci (pas pour moi), représentant 1000 francs de l'époque.
Le surbooking existant déjà, nous nous retrouvâmes en tribune de presse et j'ai pu, je crois, assister au plus beau parterre jamais entrevu : Rinat Dassaev et sa classe légendaire, Jean-Marie Pfaff et ses gants clownesques ayant fait tordre de rire le stade entier, Zavarov, Belanov, Matthaüs, Francescoli, Madjer, Gullit, Pelé, l'hôte du jour et...Diego. Le mec s'est mis le stade dans la poche en 5 minutes. Tout ceci agrémenté des commentaires non moins enthousiastes d'un certain Eugène S. si je me souviens bien, à 2 mètres de moi, regardant à loisir sur les écrans de contrôle ce que je ne pouvais discerner d'où je me trouvais...Juste à côté, Michel Robbe également, éphémère animateur de "La roue de la fortune".
Inoubliable.
Biberonné tous les dimanches midi à la vue de "Buona Domenica" et son générique entêtant, retransmis sur RTL Télévision et visible uniquement dans la région à l'époque, je me délectais des exploits de ce petit mec à la tignasse folle, et m'empressait de courir au point presse le mardi, juste à côté du bar, pour décortiquer le France Football hebdomadaire où, à coup sûr, on parlerait de lui.
J'ai lu, je cite, que même Messi ne lui noue pas les lacets aujourd'hui, bien au-delà de toutes les récompenses individuelles obtenues. Bien entendu.
C'est certainement générationnel, mais j'ose dire qu'une partie de ma jeunesse s'est envolée avec lui, bien au-delà de toutes ses turpitudes extra-sportives et qui ne sont pas discutables.
Ce mec a su néanmoins fédérer, susciter des vocations et faire rêver sans commune mesure le commun des mortels.
Merci Diego.
