[Incidents du week-end] Spectateurs de Grenoble condamnés

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DCD
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Re: [Incidents du week-end] Spectateurs de Grenoble condamnés

Messagepar DCD » 23 sept. 2009, 12:17

Macheda a écrit :
Il existe des textes contre le vol de voiture, et je ne crois pas que le texte soit la cause du résultat.
Je voulais dire qu'il existe déjà des textes de loi contre les fumigènes et qu'il est inutilem dans ajouter.
Macheda a écrit :
Oui c'est vrai, mais encore une fois je doute que le bison utilisé volontairement dans le cadre d'un acte délibéré et connu comme délictueux, ne soit pas suivi de poursuites si l'auteur est identifié
Le problème est que les fumigènes n'ont pas à être interdit et leur utilisation délictueuse. Or, ils le sont suite à des décions politiques abusives, prises à vif pour occuper l'espace médiatique et satisfaire une partie de l'opinion, qui pense réellement que tous les ultras sont des hooligans qui font fuire les enfants du stade.

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dep57d
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Re: [Incidents du week-end] Spectateurs de Grenoble condamnés

Messagepar dep57d » 23 sept. 2009, 12:38

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Scandaleux !

J'espère qu'il a pris une IDS, celui-là, avec deux torches !

Et il sourit en plus, le gaillard !

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lio_
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Re: [Incidents du week-end] Spectateurs de Grenoble condamnés

Messagepar lio_ » 24 sept. 2009, 11:27

France : Une 7ème journée sous haute surveillance… - 23/09/2009

Source : sofoot.com

Sécurité renforcée autour et dans les stades ce week-end pour la 7ème journée de L1. Le Ministère de l’Intérieur a dégainé tout l’arsenal pénal existant pour endiguer les phénomènes de violence constatés depuis le début du championnat. Une contre-offensive judiciaire et policière non dénuée de cohérence mais dont le champs d’application n’est pas clairement défini et qui ne masque pas un certain opportunisme purement politicien…

Là, ça rigole pas… Comme prévu depuis les incidents à Nice et à Grenoble de samedi dernier, le boss de la LFP Fred Thiriez a été reçu ce matin par le directeur de cabinet de Brice Hortefeux, place Beauvau. Le communiqué du ministère de l’Intérieur annonce un renforcement du dispositif de sécurité autour des prochains matches de Ligue 1. Du hard : surveillance des groupes à risque, multiplication des interdictions administratives de stade, engagement des clubs à déposer systématiquement plainte, invitation faite à la Ligue d’appliquer « fermement » ses règlements à l’encontre des clubs dont les supporters se rendent coupables d’exactions, les sanctions pouvant aller jusqu’au retrait de points. Ces mesures sont plutôt un rappel de dispositifs existants. Reste que le retrait de points fait peser une lourde responsabilité sur les clubs, tenus de tenir leurs « spectateurs ». Gare aux provocations de supporters adverses visiteurs venus sciemment créer des troubles que devront assumer les clubs qui accueilleront les matchs… Mardi prochain, Acte II : c’est la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, qui recevra Fredo-la-Ligue.

Malgré un début de championnat Bisounours (des buts, du spectacle, des belles images), le contexte autour des matchs de L1 est parfois objectivement tendu. Comme le rappelle le Ministère de l’Intérieur, depuis le début de la saison, il a été procédé à 84 interpellations, 53 interdictions administratives de stade et à 125 interdictions judiciaires. Voilà pour les réalités concrètes. Côté législatif, ça coince : la loi sur la sécurité intérieure (Lopssi 2) signée Michèle Alliot-Marie, adoptée en mai dernier en conseil des ministres qui prévoit notamment un doublement de la durée de l’interdiction administrative (de trois à six mois, voire douze mois en cas de récidive en trois ans) n’a toujours pas été soumise au Parlement… D’où la mise en application « in extenso » et immédiatement exécutoire de la législation actuelle sévère mais pas appliquée dans toute sa rigueur. On verra comment ça va se passer ce week-end… En attendant, cette semaine deux supporters de Grenoble, coupables d’avoir jeté des sièges et des fumigènes contre Rennes (0-4), samedi au Stade des Alpes, ont été interdits de stade pour trois mois. Interdiction applicable pour les matches joués à domicile mais aussi à l’extérieur.

Alors ? Alors, le contexte déjà délétère mais pas insurrectionnel (faut pas déconner !) de la L1 incite quand même au principe de précaution autour de la sécurité dans les stades. Il n’y a pas que les incidents de samedi soir à Nice (19ème de L1) et à Grenoble (dernier) à mentionner. Chez un troisième mal classé, St-Etienne, tout peut dégénérer également, quand on connaît le caractère « explosif » de certains groupes de supporters. Mais ce n’est pas tout. Des clubs habituels comme l’OM et le PSG offre des potentialités « d’insécurité » manifestes : voir le caillassage d’un bus de supporters bordelais lors du OM-Bordeaux au Vélodrome, ou bien les lancers de fumigènes des supporters parisiens lors du Monaco-PSG de la semaine dernière. Faut-il aussi rappeler l’interruption du Nice-Montpellier déjà au Stade du Ray imposée par l’arbitre Laurent Duhamel il y a trois semaines pour jets très dangereux de pétards ? Il ne faut pas se voiler la face : un « contexte de violences » existe bien et il faut intervenir en ce sens. Avec les mesures proposées aujourd’hui par l’Intérieur ? On peut en débattre et on verra une fois de plus à l’usage, dès samedi.

La dramatisation des mesures prises appelle en tous cas deux commentaires. Le premier concerne l’image du foot français et notamment de ses stades. A l’heure où la France est en lice pour l’organisation de l’Euro 2016, l’exigence de sécurité réclamée par l’UEFA est évidemment mise à mal par les événements récents. Un mauvais point… D’où la contre-attaque de type « sécuritaire ». Le deuxième commentaire est plus politique. En bref, Nicolas Sarkozy n’est actuellement pas satisfait de son ami Brice Hortefeux : manque de diligence dans les phénomènes d’insécurité récentes dans le pays et manque de réactivité et de présence sur le terrain des « incivilités ». La boulette à Seignosse avec le jeune militant beur de l’UMP n’a pas arrangé les choses : le président a recadré son ami Brice qu’il avait nommé à l’Intérieur. D’où l’effet d’annonce ultra médiatique de mesures choc d’aujourd’hui destinées à rassurer les citoyens-supporters qui souhaitent se rendre au stade en famille.

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Re: [Incidents du week-end] Spectateurs de Grenoble condamnés

Messagepar DCD » 30 sept. 2009, 09:18

En parlant des incidents à Nice, qualifiés de graves par la presse spécialisés, So Foot a mené l'enquête et notamment interviewés un ultra de la BSN.

Au final, personne n'a entendu d'insultes racistes à l'encontre du joueur Nimani, et il n'y a eu aucune échauffourée.

Seulement un mouvement de foules pour aller insulté ledit joueur, ce qui n'est pas malin, mais très loin de ce qui s'est dit et écrit sur le sujet.

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Re: [Incidents du week-end] Spectateurs de Grenoble condamnés

Messagepar lio_ » 30 sept. 2009, 09:46

Fumigène : un objet politique - 24/09/2009

Source : SoFoot

Le feu dans les tribunes d’abord. Le feu dans les médias ensuite. Décryptage en sept points des incidents du week-end dernier et de leur traitement politique et médiatique.

Par Nicolas Hourcade (sociologue)

- 1 : Des fumigènes aux violences
Le fumigène est devenu l’ennemi numéro 1 des stades de football. C’est dangereux, ça peut blesser, surtout quand on le lance d’une tribune à l’autre ou sur le terrain s’énervent ses détracteurs. C’est festif, ça permet d’extérioriser sa passion protestent ses utilisateurs. En tout cas, le fumigène est ambigu. Tantôt montré par les médias pour témoigner de la ferveur des supporters. Tantôt dénoncé par les mêmes pour sa dangerosité. Pour appréhender ce lumineux objet de désir et de délit, encore faudrait-il distinguer ses usages. Bien sûr, toute utilisation dans les enceintes sportives est interdite par la loi. Mais force est de constater qu’elle est plus tolérée dans certains lieux que dans d’autres (par exemple, ça ne pose aucun problème lors d’une compétition de ski en nocturne, d’une arrivée de transat ou d’un match de rugby) ; qu’allumer un fumigène pour illuminer sa tribune n’est pas exactement la même chose que le lancer sur l’arbitre de touche ; et qu’utiliser un fumigène ne conduit pas nécessairement à agresser un supporter adverse à coups de batte de base-ball.
Comme beaucoup d’autres, Pierre Ménès n’a pas manqué, dans le Canal Football Club, de faire le rapprochement entre l’agression subie par un supporter toulousain à Belgrade et les jets de fumigènes à Grenoble. Pourquoi un tel raccourci ? Parce que depuis l’émotion suscitée par le drame du Heysel en 1985, tout incident lié au football est rattaché à une seule catégorie, celle du “hooliganisme”, ce qui tend à mettre des faits fort divers sur le même plan ou, au moins, à instaurer un continuum entre eux.
Les incidents du week-end dernier sont perçus comme très graves parce que tout le monde a en tête des drames liés au football et que beaucoup de gens établissent un lien entre ces drames et les récents débordements. S’il est nécessaire de dénoncer les jets de fumigènes ou de bombes agricoles et de lutter contre ces comportements, il faut se garder de les traiter de la même manière qu’une attaque menée avec armes et préméditation contre des fans adverses et de sombrer ainsi dans la psychose.

- 2 : Des stades à feu et à sang ?
A écouter certains commentateurs, les stades de football français seraient aujourd’hui des zones de non-droit livrées à des hordes sauvages. Il serait impossible d’aller au stade en famille. Pourtant, tous les week-ends, de nombreux amateurs de football le font. Un sondage IPSOS, mené en 2008 à la demande de la LFP, a bien mis en évidence ce décalage entre les représentations et la réalité : ceux qui aiment le football mais ne mettent jamais les pieds au stade s’inquiètent de la sécurité et la considèrent comme un problème, alors que ceux qui vont au stade font également très attention à la sécurité mais jugent qu’elle est tout à fait satisfaisante (1).
Les médias ont insisté ces derniers mois sur l’essor, au demeurant tout relatif, des “fights ”, ces bagarres arrangées entre hooligans. Si ces “fights” se développent, c’est parce qu’elles sont devenues le seul moyen pour les plus virulents de pouvoir en découdre, puisque les stades et leurs abords sont désormais bien sécurisés, grâce à la vidéo-surveillance et à l’amélioration des dispositifs policiers. Désormais, les bagarres s’éloignent de plus en plus des stades, ne concernent quasiment que ceux qui aiment se battre et n’impliquent donc plus guère de victimes collatérales. Le seul problème qui demeure dans les stades, c’est celui des fumigènes : c’est aussi pour cela qu’on en parle autant.
Certes, des progrès peuvent et doivent encore être faits dans la sécurité autour des matches de football. Certes, l’omniprésence policière et le climat hostile lors d’un PSG-OM ou d’un OL-ASSE peuvent légitimement conduire certains amateurs de football à regarder tranquillement le match à la télé. Mais le tableau réel est loin d’être aussi noir que celui généralement dépeint.

- 3 : Football populaire ou football business ?
Les ultras n’ont de cesse de critiquer le “football business” qui dénaturerait ce sport et le couperait de sa base “populaire”. Ils luttent ainsi pour la préservation de l’ambiance festive des stades, pour le maintien de places debout dans certaines parties du stade, pour une modération des tarifs afin de permettre à tous les publics d’aller au stade, contre la répression qui, sous prétexte de lutte contre la violence, serait excessive et criminaliserait injustement certaines de leurs pratiques ou encore contre la Coupe de la Ligue, symbole honni du poids excessif de l’argent dans le football. Ces revendications pourraient rencontrer un grand écho auprès des amateurs de football et des médias, d’autant que les ultras sont les seuls à les porter de manière ouverte et collective.
Sauf que si le football populaire, ça consiste aussi à se foutre sur la gueule devant le stade au point de provoquer une blessure grave à un œil (Montpellier-PSG), à balancer des pétards sur l’arbitre de touche (Nice-Montpellier), à envoyer des fumigènes sur le terrain (Grenoble-Rennes) ou à jeter des pierres contre les bus des supporters adverses (OM-Bordeaux), on va vite préférer les toasts au saumon, les coupes de champagne et les hôtesses en tailleur des loges du football business, en regrettant toutefois de ne pas y être plus souvent convié. Ce qu’on est nombreux à souhaiter, en fait, c’est une combinaison de la ferveur du Parc des Princes, sans ses excès, et de la sérénité du Stade de France, sans sa froideur. C’est possible ? La défense du “football populaire” mobilisera sans doute largement au-delà des ultras si ceux-ci parviennent à limiter leurs débordements.

- 4 : Les ambivalences des ultras
Après chaque incident, les mêmes rengaines reviennent. Il y aurait d’un côté les “bons” supporters, qui soutiennent inconditionnellement leur équipe. Et de l’autre les “mauvais” supporters, qui foutent le bordel et qu’il faudrait chasser des stades. C’est vrai que certains sont parfaitement bons et encouragent leur équipe dans un bel esprit de fair-play. C’est vrai que d’autres ne soutiennent pas du tout leurs couleurs et se comportent froidement en spectateurs alors que le monde du foot attend des supporters. C’est vrai aussi qu’une fraction du public est complètement mauvaise parce qu’elle ne pense qu’à troubler l’ordre public.
Toutefois, de nombreux supporters sont bons et mauvais selon les critères footballistiques en cours. C’est particulièrement le cas des ultras qui peuvent être considérés, sous certains aspects, comme les meilleurs supporters puisqu’ils s’investissent énormément dans le soutien à leur club et, sous d’autres, comme les pires supporters puisque, sans rechercher systématiquement la violence, ils acceptent d’y avoir recours et causent parfois des incidents.
Les ultras veulent être reconnus tout en demeurant rebelles. Ils veulent être écoutés par les institutions sans être “récupérés par le système”. L’ambivalence du mouvement ultra est aussi ce qui fait son charme… Évidemment, tous les ultras ne se comportent pas de la même manière face à ces tensions inhérentes à leurs pratiques. Certains souhaitent être considérés comme respectables voire être institutionnalisés : ceux-là sont très critiques envers les récents incidents qui, selon eux, discréditent leur mouvement et ses nobles causes. D’autres tiennent avant tout à la radicalité du monde ultra et à son aspect underground : ils reprochent aux précédents de prôner un supportérisme aseptisé. Ces positions divergentes suscitent de vifs débats au sein des groupes, entre groupes et sur les forums ultras.

- 5 : Les ambivalences des dirigeants du football
Le problème, c’est que les ultras qui défendent le dialogue avec les autorités et la responsabilisation du mouvement n’ont pas beaucoup d’éléments tangibles pour témoigner de l’intérêt de leur position. En 2004, des discussions s’étaient engagées sous l’égide de la LFP entre supporters et dirigeants. Bertrand Paquette, alors à la LFP, avait même remis un rapport argumenté afin de résoudre certaines difficultés pratiques (le prix des places en déplacement, la liste des matériels d’animation autorisés dans les stades, l’amélioration de l’accueil dans les tribunes réservées aux visiteurs, etc.). Mais tous les clubs n’étant pas partisans d’un tel dialogue, le rapport a été allégrement enterré au grand dam des ultras qui avaient joué le jeu. Les discussions récentes entre l’embryon de coordination nationale des ultras et les autorités n’ont pour l’instant guère donné plus de résultats. Tout cela fournit du grain à moudre aux supporters les plus radicaux.
A l’ambivalence des ultras vis-à-vis des autorités du football répond en effet celle des autorités vis-à-vis des ultras. Les dirigeants des clubs et de la LFP apprécient l’ambiance festive mise par les ultras, les tifos, les déplacements massifs, les chants d’encouragement. « Aujourd’hui, à 85 %, ce sont les groupes ultras qui font vivre les stades » admettait en 2003 (dans Libération) Gérard Rousselot, alors président de la commission de sécurité et d’animation des stades. Cette ambiance prouve que le football français suscite l’enthousiasme des foules, que ça vaut le coup d’aller au stade pour en profiter et que ce spectacle mérite d’être acheté cher par les télévisions ou les sponsors. Mais les incidents créés par les ultras envoient un message inverse et sont donc vertement critiqués par les dirigeants. Ainsi, la LFP navigue à vue dans ses relations avec les ultras tantôt en soulignant qu’ils ne sont pas des hooligans et qu’ils contribuent de manière décisive à l’ambiance, tantôt en les dénonçant comme des groupes violents qui prennent en otage le public français. On ne peut que souhaiter une clarification de ces relations ambiguës entre les responsables ultras et les dirigeants des clubs et de la Ligue, ce qui suppose des efforts des deux parties.

- 6 : L’espoir Rama Yade
Bernard Laporte connaît très bien le sport, mais n’a guère d’expérience politique. Rama Yade, c’est l’inverse. Et si ce qui est d’abord apparu comme une erreur de casting était en fait une bonne pioche ? Alors que Bernard Laporte a multiplié les déclarations tapageuses en tant que secrétaire d’Etat, Rama Yade s’est elle très bien sortie de ses interventions publiques suite aux incidents, comme sur l’antenne de France Inter dimanche dernier. Elle a vigoureusement dénoncé ces incidents sans sombrer dans la surenchère. Au lieu de prôner un durcissement de la loi pour donner une image d’intransigeance, elle a rappelé que les dispositifs existaient pour lutter contre les débordements des supporters et qu’il fallait avant tout les appliquer. Au lieu d’annoncer une mesure miracle sortie de nulle part, elle a souhaité une concertation large des acteurs concernés. On lui aurait bien mis 20/20 si elle avait pensé à intégrer dans cette concertation les associations de supporters, ce qu’avait suggéré en 2007 un rapport bien informé du Sénat.
Car contrairement à ce que Pierre Ménès a déclaré au Canal Football Club, la concertation entre dirigeants et supporters peut permettre de désamorcer certaines tensions comme Jean-Louis Triaud, également présent sur le plateau, a tenté de le souligner. Les relations entre supporters et dirigeants peuvent être effectivement malsaines quand elles sont fondées sur des accords occultes ou sur des rapports de force : Pierre Ménès a raison de dénoncer cela. Mais quand le dialogue se déroule ouvertement dans un cadre bien établi où les supporters connaissent leurs droits mais aussi leurs devoirs et les limites qu’ils ne doivent pas franchir, il peut être très constructif.
Cet effort de prévention doit s’accompagner d’une répression juste. Il n’est pas anodin que les médias bruissent de critiques envers une action publique soi-disant insuffisante pendant que les ultras dénoncent une répression abusive. C’est peut-être parce que la répression actuelle n’est pas toujours bien ciblée (d’où des résultats jugés insuffisants par les uns) et que certaines de ses méthodes sont contestables (d’où les critiques des autres). Au risque de se répéter, on rappellera que les interdictions administratives de stade qui font tant parler sont décidées par les préfets sans jugement préalable et que « les actes à prendre en compte [pour prononcer une telle interdiction] ne constituent pas nécessairement des faits pénalement répréhensibles » mais « un comportement d’ensemble menaçant pour l’ordre public » (selon une circulaire du ministère de l’Intérieur). C’est pour limiter d’éventuels abus que ces interdictions administratives sont de courte durée. En revanche, les interdictions judiciaires de stade peuvent aller jusqu’à 5 ans. Aujourd’hui, l’urgence ne paraît donc pas d’allonger la durée des interdictions administratives (comme prévu par la nouvelle loi sur la sécurité intérieure) ou de multiplier ces mesures mais de prononcer des sanctions judiciaires proportionnelles à la gravité des actes commis.
Il ne faut pas désespérer de la mise en place d’une politique cohérente alliant répression juste et prévention bien conçue : la concertation accrue entre les autorités sportives et politiques va dans le bon sens. Mais si on place quelques espoirs en Rama Yade, on fait bizarrement un peu moins confiance à Brice Hortefeux qui n’a pour l’instant mis l’accent que sur les mesures répressives (2)...

- 7 : Y a pas de fumigènes en Angleterre !
Pour les ultras, les fumigènes aident à mettre l’ambiance. Pour leurs détracteurs, pas besoin de fumigènes pour ça. « Une ambiance de feu sans le feu : c’est possible » clamait Alain Sars sur ce site. Pour illustrer ce raisonnement, l’exemple de l’Angleterre est souvent mobilisé. En Angleterre, il y aurait une superbe ambiance, plus du tout de violences et pas un seul fumigène. Il suffirait donc de suivre le fameux modèle anglais.
Ce n’est pas qu’on veuille absolument être rabat-joie, mais ce diagnostic mérite d’être nuancé. Hormis quelques grands matches, l’ambiance n’est pas toujours extraordinaire en Angleterre comme en témoignent les critiques récurrentes envers les publics de l’Emirates Stadium ou d’Old Trafford. Si les stades de l’élite sont bien sécurisés, les violences se sont déplacées dans les plus basses divisions et elles se sont éloignées des stades. Comme on a pu le constater en août, un West Ham – Millwall peut encore donner lieu à de grands moments de rock’n’roll. Enfin, s’il n’y a pas de fumigènes en Angleterre, c’est qu’il n’y en a jamais eu… Si l’exemple anglais prouve qu’on peut mettre de l’ambiance sans fumigène, il ne dit rien de la manière de les interdire quand des supporters veulent à tout prix en faire entrer dans le stade.
Comment, alors, tenter de régler ce problème en France ? Il n’y a pas 36 solutions. Soit on décide d’appliquer le plus fermement possible la législation en vigueur et d’interdire tout fumigène. Mais il faut être conscient, d’une part, des difficultés énormes pour atteindre ces objectifs quand de nombreux supporters tiennent à ces artifices et, d’autre part, des coûts importants d’une telle lutte pour les clubs, les forces de police privées comme publiques et la justice. Il n’est pas illégitime de penser que la police et la justice ont d’autres priorités. Il n’est pas illégitime non plus de penser que les clubs auront quelques réticences à accepter des retraits de points ou des matches à huis clos, ce qui pourrait entraîner des procédures extrêmement longues. Entre les déclarations d’intention et les réalisations pratiques, il y a souvent un gouffre…
Soit, deuxième option, on tente de sécuriser l’usage des fumigènes en autorisant des allumages contrôlés, ce qui permet de limiter fortement les risques d’accident et d’éviter des tensions entre supporters et stadiers ou policiers. Mais cette solution n’est pas sans risques puisqu’elle suppose la fiabilité des groupes de supporters et une définition claire des responsabilités en cas de problème.
Il n’y a donc pas, contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, de solution miracle permettant de résoudre le problème du jour au lendemain. En ce qui nous concerne, nous avons longtemps milité pour la deuxième approche. Mais si les ultras continuent à envoyer leurs fumigènes sur les terrains, on va finir par opter pour la première…

Nicolas Hourcade est sociologue. Ses recherches portent sur les supporters de football.


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