Messagepar Dr.Oetker » 06 mai 2020, 09:04
Une des difficultés centrales auxquelles on doit faire face, mais comme dans la plupart des démocraties modernes, c'est me fait que les gens n'acceptent plus l'idée de pouvoir mourir "prématurément", d'une épidémie ou d’événements qu'on classe naturellement comme évitables.
On considère que l'Etat doit à tout prix nous protéger, ce qui est vrai, mais cette considération doit être faite au regard non pas de l'instant T, mais aussi du futur proche, moins proche voire lointain.
Or s'il est indiscutable que le gouvernement aurait pu mieux gérer la crise, on s'aperçoit aussi que des pays qui avaient apparemment mieux géré le début de crise se retrouvent également avec des dizaines de milliers de morts. En somme, il n'y a pas de recette miracle, pas de risque zéro, nous sommes face à une pandémie mondiale et quoi qu'on fasse des gens vont tomber malade et mourir (beaucoup vont guérir aussi hein).
Le raisonnement basé sur l'émotion, le refus de la maladie et de la mort nous empêche d'être pragmatiques. Certaines cultures le sont un peu plus et on a le sentiment que le débat est un peu différent, par exemple en Allemagne ou en Suède. Et n'étant pas ou pas assez pragmatiques le grand danger est de prendre des décisions sur le court terme, quitte à négliger le plus long terme. Et les décisions qui pourraient être saluées à l'instant T pourraient se révéler désastreuses dans 6 mois, 1 an, 10 ans.
Bien entendu la réouverture des écoles est un parti pris, en majeure partie pour permettre au parents de reprendre une activité professionnelle plus "normale". Mais il ne faut pas non plus négliger le côté social : les enfants confinés dans les cités, ceux qui n'ont pas ou peu accès à internet, ceux qui sont victimes de violences à la maison, physiques ou psychologiques, etc. Il n'y a pas de décision sans risque.
Personnellement je regrette qu'on n'ait pas des gouvernants qui soient capables de prendre la parole pour annoncer clairement que les décisions prises le sont sur base d'analyses de risques (ce qui implique qu'on accepte le risque, et qu'on vit avec), qui ne favorisent pas nécessairement la santé de tous sur le court terme, que des gens vont être victimes de la maladie mais qu'il faut l'assumer et faire au mieux en préservant notre économie qui quoi qu'on en pense nous maintient en vie elle aussi, au propre comme au figuré mais sur des échelles de temps différentes.
Malheureusement trop souvent la priorité N°1 de nos politiques est la gestion de leur communication...